Kinshasa, le 16 septembre 2019. Rotana Hôtel. La nuit vient de tomber sur la capitale et la salle. Le capitole est plein à craquer avec la jetset congolaise. La Société Financière d’Assurance, SFA Congo, dernière-née du secteur, fait sa présentation. Occasion pour le Directeur Général de l’autorité de régulation et de contrôle des assurances, ARCA, de rappeler les péripéties de la libéralisation de cette branche de l’économie. Après présentation remarquable de de cette compagnie par son staff, une question se pose : Cette entreprise est très bien outillée pour assurer tout risque mais qu’en est-il de l’assurance médicale ? Renseignement pris au cours du cocktail, les dirigeants de la SFA y pensent sérieusement. L’assurance médicale peut intéresser tous les congolais comme les mutuelles de santé pourvu que cela soit bien pensé et bien organisé.
La santé n’a pas de prix mais de nombreuses personnes ne peuvent pas en payer le prix. Dans les pays sous-développés comme la RDC, on ne compte pas ceux que les soins de santé ont ruiné. Dans la plupart des cas le manque des moyens financiers n’y est pas étranger. Les entreprises publiques ont beaucoup perdu de leurs moyens dans les dépenses pour les soins de santé de leurs employés et de leurs dépendants. Et quand la trésorerie de la société est en souffrance, les agents et cadres sont condamnés à se débrouiller, voir à mourir. On note également la lourdeur des structures de santé.
Suite aux dispositions légales et au manque de structures médicales, les plus grandes entreprises du pays de sont dotées d’hôpitaux et de cliniques pour leurs employés. Quand la plupart de de celles-ci connurent la faillite, ce fut la descente aux enfers pour les agents et cadres. On assista à l’exode du corps médical (principalement en Afrique du Sud et dans d’autres pays de l’Afrique australe). Le système de santé a tout simplement montré ses limites et son archaïsme exacerbés par la crise endémique de la RDC. Pourtant des solutions existent : les mutuelles et les assurances médicales.
Financer la santé autrement
Grace à la loi sur les mutuelles, celle des enseignants a vu le jour à Kinshasa avec un certain succès et son lot de problèmes inhérents à toute organisation qui débute. Elle reste une expérience très intéressante. Ce type d’organisation et les assurances reposent sur la mutualisation des efforts et des contributions individuelles. C’est ainsi qu’un enseignant ou un fonctionnaire qui cotise 10 dollars par mois peut avoir des soins médicaux pour sa famille (conjoint et quatre enfants) et lui-même. Ce qui est intéressant est qu’il est admissible dans toutes les structures de référence du système de santé agréées souvent le plus proche de son domicile. Si l’on table sur un million de fonctionnaires pour 10 dollars par actif et par mois, c’est dix millions de dollars américains par mois et 120 millions de dollars par an.
Il est possible de moduler le système en tenant compte des grades et salaires et d’intégrer les entreprises publiques. Cela exige de transformer et d’adapter les structures médicales créées par les entreprises publiques pour leurs employés. La Banque Centrale du Congo avait mené des études pour ouvrir sa clinique au public et se désengager. Bon nombre d’entreprise pourraient suivre cette voie. Les mutuelles de santé et les assurances médicales pourraient également connaitre une véritable éclosion en mode VIP pour les animateurs et personnel des institutions politiques. On éviterait par exemple des cas comme l’ambassadeur Kazumba dont les moyens faisaient défaut pour rapatrier son corps du Sénégal où il représentait la RDC. Grace à ces systèmes de financement, on évitera le coulage des fonds et un personnel pléthorique pour gérer les fonds. Les structures médicales du système de santé pourront ainsi être financées sans que les patients ne déboursent quelque chose et surtout il sera possible d’assurer gratuitement les urgences. Affaire à suivre.
Tiré du journal Bonne Gouvernance No 122 du 19 Septembre 2019, p.6
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