Le médicament dans le secteur privé commercial
Le médicament rare dans le secteur public, est devenu un monopole du secteur pharmaceutique privé. Les formations médicales, les organismes confessionnels (achat à la petite semaine) s’approvisionnent dans les établissements de vente en gros (EVG) et les officines privés.
Ce monopole du secteur commercial privé a comme conséquence la grande variabilité des prix des médicaments, pas toujours en rapport avec la qualité et le développement pléthorique des points de vente illégaux des médicaments.
En rapport avec cette situation, il importe de faire la distinction entre officine et établissement de vente en gros.
- Officine
Le terme « officine » ne s’applique nullement à toutes ces boutiques à médicaments puisque ne répondant à aucun des critères d’installation des officines, tels l’espace requis, le nombre des pièces, le stock minimum, la présence de personnel qualifié…
2. E.V.G (établissement de vente en gros)
Le circuit de distribution (fabricant, grossiste, détaillant) n’est pas respecté et on assiste à une situation où il est difficile de dire qui fait quoi avec comme effet immédiat une grande variabilité des prix qui se traduit soit par une surenchère soit par un bradage. Cette anarchie est telle que l’on trouve des médecins qui possèdent un stock de médicaments qu’ils prescrivent et vendent à leurs patients !
Les conflits de compétence entre les différents services de l’Etat et la vente libre des médicaments dans les EVG à n’importe qui sans restriction favorisent la vente illicite des médicaments et encouragent l’ouverture anarchique des pharmacies.
Le médicament dans le secteur associatif
Ce secteur repose traditionnellement sur les structures des trois principales églises présentes dans le pays : l’Eglise catholique, les Eglises protestantes et l’Eglise kimbanguiste. Par suite de la crise, le secteur s’est étendu d’une part avec l’arrivée des O.N.G internationales et, de l’autre, avec la constitution d’ONG congolaises. Sur le plan pharmaceutique, acquérir des médicaments est en même temps très facile (le marché regorge de commerçants et de produits pharmaceutiques de toutes sortes) et très complexes.
Les conditions officielles, et surtout pratiques, d’importation sont très contraignantes et dissuadent la plupart des organismes. Toutefois, tout le monde recourt de manière systématique à l’un de ces deux organismes qui jouissent d’une exonération pour couvrir ses importations. Il s’agit de l’Ordre de Malte et de FOMETRO. La situation économique et monétaire du pays rend difficile l’accès aux devises et dans ces conditions le médicament considéré comme un produit de luxe.
Le secteur associatif pêche par ses lacunes techniques dans le domaine pharmaceutique : pas de pharmacien, pas de connaissance spécifique du marché du médicament lequel est très complexe et demande une attention particulière en matière de qualité du produit acheté mais aussi de qualité du service offert, pas de maitrise de techniques d’appel d’offres auxquelles il faudrait recourir vu l’ampleur du chiffre d’affaires réalisé (plus ou moins 6 millions de dollars américains en 1996).
Le médicament dans la production pharmaceutique congolaise
La production pharmaceutique, qui date de plus de 30 ans en RDC ne couvre aujourd’hui que 5% des besoins en médicaments du pays. L’industrie locale est fortement dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement en matière première et intrants, lesquels sont frappés de multiples taxes et droits d’entrée.
L’absence d’un contexte législatif rigoureux et en application entraine un développement anarchique de certains laboratoires sans aucun respect des bonnes pratiques de la fabrication, ce qui jette un discrédit généralisé sur toute la production locale. L’absence de contrôle de la qualité de la production locale fait que lors des approvisionnements en médicaments les structures locales ne sont pas sollicitées.
Cette situation, ajoutée à une entrée dans le pays imparfaitement contrôlé et à une pratique du dumping par certains grossistes de la place, a pour conséquence une dérégulation du marché avec une diminution de la production locale.
L’absence d’application d’une politique pharmaceutique défavorise les producteurs locaux et particulièrement le pharmacien congolais qui débute sans capitaux. La concurrence de produits en provenance de l’Inde et de la Chine… la présence des génériques non B.P.F, vendus à des prix défiant la concurrence asphyxient la production locale avec les conséquences suivantes : fermeture des entreprises, chômage…
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